La mission scientifique aérospatiale Québec-Séoul 2024 à laquelle a participé Jean-Marc Frayret, professeur à Polytechnique Montréal et directeur de recherche de l’Institut SDG de la mobilité aérienne avancée (MAA), s’est déroulée du 28 octobre au 1er novembre 2024. L’Université Concordia, l‘École de Technologies Supérieures et le CRIAQ étaient aussi représentés lors de cette mission, dont l’objectif principal était d’explorer l’écosystème d’innovation coréen de la Mobilité Aérienne Urbaine (MAU). Cette mission a permis à la délégation québécoise de rencontrer des institutions clés telles que les universités KAIST et KAU, les centres de recherche KARI et KITECH, le KIAST, un institut spécialisé dans la sécurité et la certification dans le secteur aérospatial, et enfin des instances gouvernementales locales impliquées dans la MAU. La mission s’est conclue avec la participer des délégués québécois à la K-UAM Confex, un forum international sur la MAU organisé par l’équipe coréenne de la MAU (UAM Team Korea).

Avancement de la Corée du Sud dans la Mobilité Aérienne Urbaine

L’un des principaux enseignements de cette mission est l’avance significative de la Corée du Sud dans le développement et l’adoption de la MAU. La mise en place en 2020 de la UAM Team Korea a permis l’élaboration d’une carte routière ambitieux pour l’adoption de la MAU, le Grand Challenge project. Ce projet implique de nombreux acteurs industriels, académiques, gouvernementaux, ainsi que de centres de recherche, des instituts spécialisés et d’autres acteurs de l’écosystème aérospatial. Le projet prévoit de tester des vols urbains d’eVTOL dès la fin de l’année 2025. L’écosystème de la MAU coréen repose ainsi sur une collaboration étroite entre de nombreux acteurs publics et privés coordonnée par le Ministère des Terres, des Infrastructures et du Transport de la République de Corée, créant ainsi un modèle d’intégration efficace de la MAU.

Opportunités de Collaboration avec la Corée du Sud

La mission a permis d’identifier plusieurs collaborations potentielles entre le Québec et la Corée du Sud. L’université KAIST (membre de la UAM Team Korea) a notamment exprimé son intérêt pour une collaboration avec le Québec afin de développer un hangar intelligent pour la UAM, utilisant des capteurs intelligents pour la détection automatique de problèmes structuraux des véhicules. Le KARI (membre executif de la UAM Team Korea) est en cours de construction d’un jumeau numérique très avancée, dont plusieurs modèles de simulation numérique de divers aspects complémentaires de la MAU sont déjà intégrés. Le KARI propose également des pistes très intéressantes pour des partenariats technologiques, notamment avec l’Institut SDG-MAA. Le KITECH est un centre de recherche dont la vocation est d’aider les PME en termes de R&D. Bien que le KITECH ne soit pas directement un membre de UAM Team Korea, il se positionne également comme un partenaire clé pour l’application de l’intelligence artificielle dans la mobilité aérienne du futur, l’impression 3D, et le développement de matériaux avancés pour la MAA.

 

KAIST university

 

Korea Aerospace University

K-UAM Confex : Un Forum de Collaboration Internationale

La participation à K-UAM Confex a offert une plateforme précieuse d’échange et de mise en réseau avec des experts et  des acteurs mondiaux de la MAA. Les présentations de certains acteurs coréens de ce secteur ont ainsi mis en lumière leur volonté, leur engagement et leurs efforts de développement. La compagnie Supernal de Hyundai a notamment présenté son concept d’eVTOL. Hyundai a également présenté son projet de ville intelligente intégrant un modèle très avancé de mobilité urbaine alliant MAA et Hyperloop. SK Telecom a pour sa part souligné le rôle essentiel des infrastructures de télécommunication dans l’écosystème de la MAA, notamment dans le développement de solutions de mobilité en tant que service (MaaS). K-UAM Confex a également permis de rencontrer des chercheurs académiques anglais et allemands, avec qui des projets de collaboration sont déjà en cours de développement avec l’Institut SDG-MAA, mais aussi des entreprises de conception et d’exploitation de vertiports et de drones/eVTOL, dont Skyport et UrbanV. Ces entreprises sont chacune impliquées dans de nombreux projets internationaux de développement de vertiport, notamment aux aéroports de Paris, de Munich et de Rome. Ce forum d’échange et de mise en réseau a ainsi permis de mieux comprendre les défis mondiaux de l’adoption de la MAA, ainsi que certaines stratégies mises en œuvre pour les surmonter.

 

Recommandations pour le Québec et la Canada

De façon générale, la mission a permis de dégager plusieurs recommandations clés pour le Québec. Premièrement, afin de rattraper notre retard, le Québec et le Canada devraient se doter d’une « AAM Team Québec/Canada » pour coordonner les efforts locaux et nationaux, mobiliser les acteurs industriels, gouvernementaux et académiques, et développer une initiative structurante ainsi qu’une carte routière québécoise et canadienne de l’adoption de la MAA qui reflète notre société, nos besoins, nos contraintes et notre marché de la mobilité. L’identification de cas d’utilisation pertinents pour le Québec et le Canada, comme les taxis aériens ou les services d’urgence pour les régions isolées et les zones sinistrées, est une étape essentielle de l’adoption de la MAA.

Deuxièmement, la mise en place au Québec d’un site d’essai pour valider et tester les technologies, étudier et améliorer l’expérience utilisateur, et optimiser les processus opérationnels de tels services permettrait au Québec de tester ses propres approches d’adoption de la MAA, mais aussi de se positionner au Canada et à l’international pour aider les centres urbains, les opérateurs d’eVTOL et de vertiports, ainsi que les manufacturiers  à développer, tester et évaluer leurs propres stratégies d’adoption, et pour la certification des véhicules.

Jean-Marc Frayret
2024-11-21

La mobilité aérienne avancée « MAA » est un secteur émergent du transport aérien résultant des avancées majeures en matière de propulsion électrique (moteurs, batteries, piles à combustible, contrôleurs électroniques, etc.) et du besoin croissant d’amélioration des services aux personnes. Les avions électriques à décollage et atterrissage vertical (eVTOL) sont les exemples les plus récents de technologie dans ce secteur. Plus de 600 prototypes, soit 350 entreprises impliquées et 20 milliards de dollars investis dans le volet avion de la MAA sont un vote de confiance. Par rapport aux avions traditionnels, ils ont le potentiel de fournir un transport plus abordable, efficace et écologique dans les communautés urbaines, les banlieues, les zones rurales et éloignées.

Le gouvernement du Québec a annoncé le 20 mai dernier la création d’une zone d’innovation aérospatiale « Espace Aéro », située à Longueuil, Mirabel et Montréal, avec un investissement de 415 millions de dollars pour accroître l’attractivité du Québec dans le domaine aérospatial.

« Pour contribuer à ce que Québec Espace Aéro devienne un leader mondial en matière de décarbonation, de mobilité aérienne avancée et de systèmes autonomes et intelligents et de relever le défi du secteur émergent MAA, nous sommes extrêmement heureux, avec le soutien d’ADM, d’annoncer, à l’occasion du OACI Symposium AAM à Montréal, la création du premier Institut canadien pour la mobilité aérienne avancée à Mirabel. L’Institut aura une vocation de recherche, dirigée par le prof. Jean-Marc Frayret à Polytechnique et une vocation de formation, dirigée par la prof. Carole El-Ayoubi à Concordia, a commenté prof. Hany Moustapha, de l’École de technologie supérieure (ÉTS) et Directeur général du Réseau SDG Innovation».

 

NRC-IAM, U.Concordia, Wisk, Polytechnique, SDG/ETS, Aéro Montréal, ADM, CED, U.Sherbrooke (ICAO, Sept. 9, 2024)

L’Institut compte environ une trentaine de professeurs en MAA et a pour mission de « Créer une masse critique de chercheurs et professionnels dans le domaine de la mobilité aérienne avancée (MAA) : numérique, intelligente et durable pour supporter « Espace Aéro » de Québec ».

Les objectifs de l’Institut sont :

  • Répondre aux besoins R&D en Mobilité aérienne avancée (MAA) des entreprises dans l’Espace Aéro à Montréal, Mirabel et St-Hubert;

  • Agir comme un observatoire en recherche et formation pour la MAA;

  • Être un acteur clé dans le développement de connaissance et compétences dans le domaine de la MAA ;

  • Sensibiliser différentes communautés et acteurs sur l’émergence d’un nouveau secteur d’activité ;

  • Contribuer au positionnement du Québec et du Canada comme un pôle d’influence à l’échelle internationale dans le domaine de la MAA;

  • Devenir un exportateur de savoir-faire, façon de faire et compétences sur la MAA.

L’Institut aura trois projets TEAM (Technologies for Electric Air Mobility) et dont le premier sera un projet de 3 millions de dollars en jumeaux numériques pour la mobilité aérienne électrique et une chaire de recherche avec comme titulaire prof. Yasmina Maïzi de ESG-UQAM. Le projet et la chaire sont co-financés par ADM, Humanitas et des fonds provenant du gouvernement fédéral et provincial. Le projet comptera 15 professeurs et 24 étudiants de cinq universités. Le projet comprend la gestion du trafic aérien, la simulation, le contrôle et la réglementation, la cybersécurité, l’architecture du réseau 5G/6G, les tests de la technologie et l’opérationnalisation de la logistique automatisée multimodale, la conception du réseau Vertiport et le déploiement des ressources (pour le corridor Mirabel-Alma), infrastructure IoT, acceptabilité sociale et économique, démonstration technologique, etc.

L’Institut travaillera en étroite collaboration avec Aéro Montréal, le CRIAQ, le Centre d’excellence des drones d’Alma (CED), le Programme de mobilité aérienne intégrée (IAM) du Conseil national de recherches du Canada (CNRC) et le Cégep de Saint-Jérôme pour la formation continue.

« ADM est enthousiaste de s’impliquer dans la création de cet Institut et de ces projets de recherche et de formation. YMX Aérocité internationale de Mirabel est un pôle aéronautique unique en Amérique du Nord. YMX joue un rôle central dans l’Espace Aéro, la zone d’innovation en aérospatiale au Québec, en matière d’essai en vol et de mobilité aérienne durable et intelligente. Ce projet s’inscrit dans notre volonté de créer un Centre d’innovation en aérospatiale et de contribuer au rayonnement de l’Espace Aéro», a commenté M. Yves Beauchamp, président-directeur général d’ADM Aéroports de Montréal.  

« Humanitas Solutions est fière de s’associer à cet institut de mobilité aérienne avancée, tout comme ses partenaires XSpace.AI et Nanook.Telecom. En investissant dans la recherche et le développement, nous renforçons non seulement notre position stratégique, mais nous contribuons également à faire du Québec un leader mondial en matière de mobilité aérienne durable et intelligente. Cette collaboration permettra de propulser nos innovations à une échelle internationale, tout en répondant aux besoins croissants du secteur aérospatial. » a commenté M. Abdo Shabah, PDG de Humanitas Solutions.

Lors du Farnborough Airshow 2024, Yves Beauchamp, PDG de l’Aéroport de Montréal (ADM), a annoncé une contribution de $1M pour la création de quatre chaires industrielles en mobilité aérienne électrique pour le Réseau SDG Innovation, qui s’inscrit dans un projet avec un budget total de 15 millions de dollars canadiens. Cette annonce a été faite lors de la soirée Aéro Montréal le 24 juillet, en présence de 150 participants issus de l’industrie, du monde universitaire et du gouvernement, qui ont chaleureusement accueilli cette nouvelle.

Ces chaires industrielles s’inscrivent dans le cadre du projet TEAM (Technology for Electric Air Mobility), soutenu par le Réseau SDG en collaboration avec ADM, Humanitas et autres partenaires industriels. Les chaires seront créées à Polytechnique Montréal, UQAM, ÉTS et Concordia.

Le projet, sur 5 ans, couvrira des sujets tels que la cybersécurité, les télécommunications 5G, l’Internet des objets (IoT), le trafic aérien, etc. Certaines simulations et tests des eVTOL seront effectués au centre d’innovation de Mirabel pour le développement et la certification des eVTOL. Un corridor de démonstration sera également établi entre Mirabel et Alma pour les eVTOL.

Hany Moustapha, directeur général de SDG, a mené l’équipe d’ADM à des discussions fructueuses avec d’autres partenaires tels qu’Aéro Montréal, CRIAQ, Wisk, Ericsson, OPAL-RT, MHI, Cranfield University et le CNRC.

Ce projet, le premier du genre au Canada, souligne l’engagement de SDG Innovation dans l’avenir de la mobilité aérienne électrique et positionne Montréal comme un leader mondial dans ce domaine. Grâce à cette collaboration sans précédent entre l’industrie et le monde universitaire, nous sommes impatients de voir les avancées révolutionnaires qui découleront de cette initiative unique.